• La pluie cette nuit a frappé aux vélux, j'écoutais le bruit lointain qui

    semblait surgir de mes rêves. Au matin les crapeaux curieux gisaient sur la

    route les tripes à l'air, des repas savoureux pour les corbeaux et les pies. La

    vie au printemps au milieux des automobiles.

    J'ai le blues , j'attends de rebondir...

    Demain il fait beau, heureusement, et nous manquerons d'eau malheureusement.





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  • Quantifier ses besoins c'est s'asseoir dans une prison !


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  • - Le Monde - 31 mars 2005 : L'épuisement de la nature menace le progrès

    Politiques, réveillez-vous ! Tel est, en termes beaucoup plus

    diplomatiques, le message délivré par plus de 1 300 scientifiques réunis par

    l'ONU à propos de l'état des écosystèmes de la planète. Dans le rapport sur

    "L'évaluation des écosystèmes pour le Millénaire", publié mercredi 30 mars à

    Tokyo, Pékin, New Delhi, Le Caire, Nairobi, Paris, Washington et Brasilia,

    ils dressent un bilan très pessimiste de l'impact des activités humaines sur

    l'environnement naturel. Surtout, le groupe de scientifiques, animé par

    l'université des Nations unies (basée à Tokyo) et la Banque mondiale,

    souligne que, si cette dégradation continue, le bien-être humain ne pourra

    plus progresser, et que les objectifs du Millénaire, fixés en 2000 et visant

    à réduire la faim, la pauvreté, la maladie d'ici à 2015, ne pourront être

    tenus. L'événement intervient alors que Tony Blair a fixé comme priorités du

    G8 qui aura lieu en juillet en Grande-Bretagne le changement climatique et

    le sous-développement de l'Afrique, et qu'en septembre les Etats de l'ONU

    ont rendez-vous pour mesurer le degré d'avancement des objectifs du

    Millénaire.

    Pas de traduction économique, pas de prise en compte

    politique : le rapport souligne que "les comptabilités nationales

    traditionnelles ne mesurent pas la diminution ni la dégradation des

    ressources naturelles", alors même que celles-ci "représentent la perte d'un

    patrimoine capital essentiel". Dans plusieurs cas précisément étudiés, tels

    ceux en 2001 de l'Equateur, du Venezuela ou du Kazakhstan, les experts

    relèvent ainsi que des situations de croissance du produit intérieur brut

    dissimulent en fait "une perte en épargne nette" si la baisse des ressources

    naturelles est intégrée au calcul. Faute d'instruments traduisant en termes

    économiques les dégâts aux écosystèmes, les responsables politiques ne sont

    pas incités à prendre des mesures préservant l'environnement. "Le problème,

    précise Thomas Rosswall, directeur du Conseil international pour la science,

    c'est que les méthodologies d'évaluation économique des services naturels

    restent très imparfaites."

    Située la plus à l'est, la capitale japonaise a eu la primeur de

    cet état de la situation environnementale planétaire, des scénarios et des

    réponses à sa dégradation. "C'est l'étude la plus complète réalisée à ce

    jour de l'état de notre planète", a déclaré A.H. Zakri, directeur de

    l'Institute of Advanced Studies de l'université de l'ONU et coprésident du

    comité directeur du projet lancé en juin 2001 par le secrétaire général des

    Nations unies, Kofi Annan, et auquel ont collaboré 1 360 spécialistes de 95

    pays.

    "Au coeur de cette étude, il y a une mise en garde : l'activité

    humaine exerce une telle pression sur les fonctions naturelles de la planète

    que la capacité des écosystèmes à répondre aux demandes des générations

    futures ne peut plus être considérée comme acquise", souligne le comité

    directeur. "On s'émeut de l'épuisement des ressources énergétiques, mais on

    néglige la destruction des écosystèmes", complète Hans Van Ginkel,

    secrétaire général adjoint des Nations unies.

    On appelle "écosystème" un ensemble d'organismes (plantes,

    animaux, micro-organismes) agissant en interaction les hommes, précise les

    scientifiques, étant "partie intégrante des écosystèmes". La forêt

    tropicale, les océans, la savane sont des exemples d'écosystèmes, l'ensemble

    de ceux-ci composant la biosphère, qui est la partie vivante de la planète.

    L'originalité de l'étude est qu'elle ne s'intéresse pas à l'environnement en

    tant que tel, mais s'organise autour du concept de "services rendus par

    l'écosystème" tels que la nourriture, l'eau, le traitement des maladies, la

    régulation du climat. Or, indique le rapport, "environ 60 % des écosystèmes

    permettant la vie sur Terre ont été dégradés". Une dégradation qui "a été

    plus accentuée au cours des cinquante dernières années que dans toute

    l'histoire de l'humanité et -qui- ne pourra que s'aggraver au cours des

    cinquante prochaines".

    Cela est dû à une transformation formidable de l'environnement :

    plus de terres ont, par exemple, été converties pour l'agriculture depuis

    1945 qu'aux XVIIIe et XIXe siècles réunis, tandis que 60 % de

    l'accroissement de la concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère

    depuis 1750 s'est produit depuis 1959.

    Le bilan n'est certes pas totalement négatif. Les scientifiques

    soulignent nettement que ces changements "ont contribué à des gains nets

    substantiels sur le niveau du bien-être de l'homme et le développement

    économique". Ils se sont notamment traduits par une augmentation de la

    production agricole supérieure à celle de la population humaine, et par une

    multiplication de l'économie mondiale par un facteur six.

    LES PRIORITÉS ET LES RÉPONSES

    De même, la proportion de personnes souffrant de malnutrition a

    été réduite et la santé humaine a été améliorée. Le problème majeur est que,

    si la dégradation des écosystèmes se poursuit, elle empêchera la réalisation

    des objectifs du Millénaire, alors même que les peuples les plus pauvres

    sont les premières victimes de ces destructions. La destruction de 35 % des

    mangroves a, par exemple, accentué l'impact des tsunamis, qu'elles

    contribuaient à amortir. Plus généralement, la dégradation des écosystèmes

    entraîne un accroissement des inégalités entre les peuples et constitue une

    cause majeure de la pauvreté, du fait que "les pauvres des zones rurales ont

    tendance à être plus directement dépendants des services d'origine

    écosystémique".

    Un aspect très préoccupant souligné par les scientifiques est la

    probabilité accrue de "changements non linéaires" : ce terme signifie que, à

    partir d'un certain seuil de dégradation, un changement brutal se produit

    dans l'écosystème, qui ne devient plus seulement affaibli ou appauvri mais

    incapable de fonctionner. Un bon exemple en est celui des pêcheries

    mondiales, dans lesquelles plusieurs stocks de poissons ne sont plus

    exploitables, même modérément.

    Cette probabilité est accentuée par l'impact très fort du

    réchauffement de la Terre sur l'environnement (il pourrait ainsi transformer

    en quelques décennies la région amazonienne en savane), qui rendra difficile

    ou impossible le rétablissement des équilibres rompus.

    L'étude se veut un instrument pour identifier les priorités et

    les réponses à apporter. Elle s'inscrit dans une démarche comparable à celle

    du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC), dont le

    premier rapport en 1990 avait conduit à la Convention sur le climat et au

    protocole de Kyoto. "Nous n'avons pas voulu faire de prescriptions, dit M.

    Hans Van Ginkel. Il faut une volonté politique pour répondre à ce défi et

    chaque gouvernement doit être conscient de l'urgence mais il n'agira,

    individuellement ou collectivement, que sous la pression de l'opinion." Il

    reste à convaincre celle-ci que la gravité de la crise des écosystèmes n'est

    pas moindre que celle du climat.

    Hervé Kempf et Philippe Pons à Tokyo


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